L’or vert

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L’or vert

De Sergio Ghizzardi | Belgique | 2017 | 52 minutes | Tiroir des Saveurs

Diffusion(s): Lu. 28/01/19 à 12h15


A l’heure où le prix du pétrole est au plus bas et l’espoir d’une solution pour décarboner le transport s’est peut-être évanoui, « L’or vert » raconte l’histoire d’un projet politique, d’une chimère industrielle, énergétique et d’un désastre environnemental : les biocarburants.
Sur la ligne de départ de ce défi énergétique, on trouve tous les aventuriers des temps modernes. Hommes et activistes politiques, scientifiques, industriels, pétroliers. Leur devise : « Remplacer l’or noir par l’or vert ! » Ils sont prêts à miser gros pour trouver l’Énergie nouvelle et devenir les Rockefeller du XXIe siècle. Résultats : Des milliers d’hectares de forêts se sont évanouis en fumée et des milliards d’investissement aux quatre coins de la planète ont été engloutis, sans répondre aux 2 défis majeurs que nous connaissons : la lutte contre le changement climatique et la souveraineté énergétique.
« L’or vert » est un documentaire d’investigation qui nous plonge sans tabou, avec intensité et suspens dans le monde de l’énergie renouvelable, en explorant son histoire, et en révélant les conséquences scientifiques, politiques, économiques et environnementales de la mise en place de cette nouvelle industrie énergétique. « L’or vert » nous plonge au cœur d’une course effrénée!

Bande-annonce:

https://cinebel.dhnet.be/fr/movieVideoGallery/1018170/0/Bande-annonce%20du%20film%20L%27Or%20vert

Publié le 23/03/2018 par Lucien Halflants / Catégorie: Critique sur Cinergie;be

L’Or Vert
S’il est aujourd’hui une évidence que les crises énergétiques et climatiques font la sève des bouleversements environnementaux, l’Or Vert préfère s’articuler en questionnement autour des causes de ces dérèglements. Sous la forme expectative, le dernier film de Sergio Ghizzardi a la beauté des espoirs intangibles.

L'Or Vert de Sergio Ghizzardi

Les premières secondes, formées d’images d’archives, semblent vouloir nous faire croire à la mise en place d’un film de science-fiction. Or, c’est bien dans une lourde réalité que s’ancre le film. La terre, vue d’en-haut, suit l’enfermement des embouteillages asphyxiants et c’est une bouffée d’air frais qui recentre le propos sur notre planète malmenée. Par cette introduction privée d’ambages, le film se déclare tout de suite engagé, comme un geste politique, dans la mesure ou toute vision de gestion mondiale est politique.
Alors, le sujet s’explique, se développe. Les énergies fossiles, de plus en plus impensables, doivent disparaître pour laisser place aux énergies renouvelables. Rien de bien novateur mais l’intérêt de l’Or Vert se tient bien loin de ce type de discours. Une fois les évidences posées, Sergio Ghizzardi démarre l’enquête. A travers le monde, il investigue sur ces agrocarburants si peu connus, pourtant longtemps tenus comme étant une solution majeure aux crises économiques, énergétiques et environnementales que traverse notre monde.
A travers des allers-retours entre les points de vues à l’échelle mondiale, sociétale et humaine des protagonistes, le documentariste belge démontre une certaine intelligence quant à sa façon de couvrir une belle partie de la problématique et d’offrir différentes accroches au spectateur. Dans cette même idée, il déplace son lot de questionnements dans ses voyages géographiques et les différents lieux et paysages qui s’offrent à lui.
Le schéma se déploie généralement dans cet ordre : sur chaque question soulevée, les biocarburants sont vus d’un point de vue mondial – sociétal – entrepreneurial – humain et universitaire.
Cette systématique tente de montrer comme le monde change et l’humain avec (ou contre) lui.
En témoin toujours subjectif qu’est un cinéaste, Ghizzardi ose finir le traitement du sujet par un regard antiseptique sur le cynisme d’une société à genoux devant un capitalisme forcené quitte à jouer Tartuffe face à la dangerosité de cette révolution prétendument miraculeuse que sont les agrocarburants. Arriver au point où aucun changement d’un point de vue sociétal ne semble avoir été réellement envisagé, alors même que des aggravations écologiques sont relevées, démontre bien l’ignominie du système économique et écologique dans lesquels notre monde semble bien embourbé. Le spectateur, alors devenu bel observateur de la planète par le prisme du regard documentaire, ne peut que se lier à la vision du cinéaste. Alarmé mais jamais totalement désabusé, il semble nous sommer d’avoir peur mais que cela nous pousse à réfléchir et, espérons-le, à changer.