Stan et Ulysse, l’esprit inventif

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Stan et Ulysse, l’esprit inventif

De Benjamin Hennot | Belgique | 2018 | 1h03 | Tiroir des Saveurs

Diffusion(s): Lu. 24/9 à 12h15


“On nous a toujours dit qu’il ne fallait jamais se laisser faire; ça développe une certaine agressivité.”

Bruxelles 1940. André, 16 ans, rejoint Marcel qui en compte 18. Tous deux s’engagent dans un groupe de Résistance très autonome, le Groupe D du Service Hotton, et se rebaptisent l’un Stan, l’autre Ulysse.

En 1942, ils installent un maquis dans la région de Chimay et Couvin. La population les soutient, l’Occupant les craint. Et pour cause : le « sabotage und widerstandgruppe Franckson » multiplie les coups d’éclat.

Attaques de locomotives, incendies de dépôts de bois-carburant, hold-up, duels au revolver, embuscades meurtrières, neutralisation de bourgmestres rexistes, coupures du câble Berlin-Paris, fusils et poudres en tous genres : Stan & Ulysse, l’esprit inventif inaugure au sein du documentaire un sous-genre inédit : le Western-Wallonie de Francophonie (WWF), ou western-documentaire, ou encore tutoriel apache.

Stan et Ulysse nous racontent une aventure qui sent la poudre et le plastic, où la plus noble éthique se mêle à la plus narquoise des ironies.

Le Rebelle n’est pas soldat. Sa vie est à la fois plus libre et plus dure que l’existence militaire. Quant au champ de sa bataille, la forêt est partout présente.

Bande-annonce:

FANTAISIE MAQUISARDE

Le récit de leur Résistance se présente en deux parties très tranchées stylistiquement, suivant leurs lieux d’opération et l’humeur qui s’y attache.

Bruxelles, d’abord, est un tramway somnambule : un récit télégraphique de leurs premiers pas qui nous fait déambuler dans une capitale assombrie et rendue inquiétante par l’Occupation.

Le maquis en Thiérache, ensuite, est un train fantôme. Son esthétique, en effet, est digne d’une attraction foraine. Les maquisards ne devaient-ils pas bricoler des engins redoutables avec tout ce qu’ils trouvaient ? Le film s’efforce de restituer leur univers à l’aide d’une panoplie hétérogène : westerns muets, archives d’époque, found footage régional, pépites propagandistes de « radio-Bruxelles » et de la presse embochée, photographies, sigles et évocations du maquis, des cartes d’état-major, des guns et des Sten Gun, des locomotives à vapeur. Au rythme de tambours indiens, de guitares griffues et de drones texturés, tout ce matériau truffe leurs souvenirs enjoués de dynamite ou, plus modestement, de pétards pirates.