L’école du bout du monde

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L’école du bout du monde

De Pawo Choyning Dorji | Bhoutan | 2020 | 1h49 | Cinépointcom de Marche, Place de l'Etang

Diffusion(s): 1/06 à 14h, 4/06 à 14h, 5/06 à 14h, 8/06 à 14h, 11/06 à 14h, 12/06 à 14h



Acteur(s) : De Sherab Dorji, Tshering Dorji, Pem Zam, Ugyen Norbu Lhendup, Kelden Lhamo Gurung, Sangay Lham,...

Âge conseillé : Tout public

Titre original: Lunana, A Yak in the Classroom

Un jeune instituteur du Bhoutan est envoyé dans la partie la plus reculée du pays. Loin de la ville, le quotidien est rude, mais la force spirituelle des habitants du village transformera son destin. Nommé pour l’Oscar du Meilleur Film International.

“Une généreuse aventure humaine” – Focus Vif

“Voici un film tout simple dans sa forme mais grand dans ce qu’il dit quand on va à la rencontre de l’autre” – Le Soir

L’École du bout du monde conte l’arrivée d’un jeune instituteur de la ville dans un village reculé du Bhoutan. Le message du film pourrait être celui-ci : au pays du Bonheur National Brut, les destinées humaines peuvent se soumettre à des forces spirituelles qui nous ramènent à l’essentiel.

Ugyen vit à Thimphou où il vient de commencer sa carrière d’instituteur, mais il doute de sa vocation. Son rêve : partir vers l’Australie pour y faire carrière comme chanteur. Lié par son contrat de travail avec le gouvernement, il est contraint d’accepter un poste d’enseignant à Lunana, un village minuscule (56 habitants) perché à 4 800 mètres d’altitude et accessible après six jours de marche. Comme beaucoup de jeunes adultes, Ugyen vit le nez collé à l’écran de son portable, les écouteurs vissés sur les oreilles. Cette affectation, il la considère comme une injuste punition. Sentiment qui se renforce au fil des journées qu’il passe à marcher dans la boue et le froid avec Michen et Singye, les deux gardiens de yaks qui le mènent au village. Pourtant, là-haut, Ugyen est attendu comme un messie par les habitants qui comptent énormément sur ce nouveau professeur pour éduquer leurs enfants. Comme le précise Ashan, le chef du village, en lui montrant l’école (un peu délabrée, il est vrai) : « Ici, nous n’avons pas grand-chose, mais les enfants ont envie d’apprendre ».

Au fil des semaines, Ugyen va lui aussi apprendre, certainement autant qu’il va enseigner. À travers ses échanges avec les villageois, le jeune instituteur prend conscience de l’importance de la culture traditionnelle et de la spiritualité qui imprègnent la vie des montagnards et guident leur choix de vie. Le très explicite titre international du film (Lunana, A Yak in a Classroom) insiste aussi sur la place centrale et presque sacrée que le bovin occupe dans le quotidien des habitants des hauts-plateaux, offrant à lui seul des choses essentielles pour leur survie (viande, cuir, laine, lait et même bouse pour allumer le feu). La rusticité de leur mode de vie n’en fait pas pour autant des naïfs : ils savent qu’ils perdent leurs jeunes, que ceux-ci, une fois éduqués, risquent de quitter le pays, emportant leur savoir vers un ailleurs lointain. Quand Ugyen explique à Ashan qu’il a prévu de partir s’installer en Australie, celui-ci répond qu’il ne comprend pas pourquoi, alors que le Bhoutan est considéré par les érudits comme le pays du bonheur, les gens éduqués souhaitent le quitter.

En plus d’être particulièrement dépaysant, L’École du bout du monde nous ravit aussi par sa photographie sublime et par sa bande-originale composée essentiellement de chants traditionnels bhoutanais. Quant aux petits acteurs, ce sont les vrais enfants de Lunana. Des éléments qui rendent l’ambiance d’autant plus authentique et captivante.

LAURENCE HOTTART, les Grignoux