Diffusion(s): Dimanche 20 novembre à 17h
En présence de : Patrick Leboutte
Acteur(s) : De Pietro Sanna (Pietro), un père de famille sarde qui accueille sa famille dans le Borinage, Giuseppe Pozzetto, Giuseppe Cerqua, Valentino Gentili (Valentino), Domenico Mescolini (Domenico), Dolores Oscari
- La première journée d’une famille d’immigrants siciliens en 1960 dans le Borinage, région charbonnière déjà sur le déclin. Domenico, l’ancien, après dix-sept ans de travail, ne se fait plus d’illusions. Il sait que les mines sont promises à la fermeture et qu’avec elles s’éteignent mémoire collective et culture ouvrière. Il décide de rentrer au pays. Tandis que des enfants dévalent les pentes du crassier, cramponnés à leurs platines à tartes, leurs pères remontent d’un puits de charbon pour la dernière fois. Sur les hauteurs du terril, Domenico initie au paysage le fils aîné des nouveaux arrivants et lui transmet son savoir en trois mots : « Borinage », « charbonnage », « chômage ». Au village, on profite du dimanche pour faire la fête. On boit, on mange, on flirte, on célèbre le bonheur d’être ensemble. On se rassemble par affinités géographiques et culturelles et l’on danse. À l’ombre du terril, des ouvriers mineurs entament un sirtaki : sont-ils toujours du Borinage ou déjà de retour au pays, au pied d’une colline grecque ? Petit pas de deux entre le réel et l’imaginaire, entre le regard ethnographique et l’appel de la fiction…
Même s’il fut reconnu en 1960 au festival de Poretta en Italie, par les cinéastes néoréalistes (Rossellini, Vittorio De Sica…), le film est désavoué par le gouvernement belge qui retira son soutien au cinéaste. Le film de Meyer est resté invisible trente années, avant de revoir le jour. Également appelé le “film maudit”, celui-ci est programmé un peu partout en Wallonie et à Bruxelles dans le cadre du 70e anniversaire de l’immigration italienne en Belgique, c’est une pépite méconnue du cinéma belge, réapparue seulement dans les années 80 et 90. Si, en 1960, le film a impressionné tant les cinéastes italiens que “Les cahiers du cinéma”, il a pourtant provoqué la ruine de son auteur, Paul Meyer, qui a dû le rembourser toute sa vie. “Déjà s’envole la fleur maigre” est en tous cas devenu une légende du cinéma. Un film classique qu’il est maintenant possible de voir dans une version digitalisée par la Cinémathèque de Belgique.
- En présence de Patrick Leboutte, spécialiste du film documentaire, critique de cinéma et essayiste, né à Berchem-Sainte-Agathe en 1960. Il enseigne l’Histoire du cinéma à l’INSAS. Il dirige la collection Le geste cinématographique aux Éditions Montparnasse. Grand connaisseur du film “Déjà s’envole la fleur maigre”, de toutes ses implications et de l’œuvre de son auteur Paul Meyer dont il était très proche, il viendra nous parler mieux que personne de l’histoire et de l’actualité du film, de son importance historique et sociale, grâce à son propre engagement personnel.
- https://www.youtube.com/watch?v=CJqjvie44Io
- Le poème qui a donné son nom au film:
- Già vola il fiore magro
- Non saprò nulla della mia vita
- oscuro monotono sangue.
- Non saprò chi amavo,chi amo,
- ora che qui stretto, ridotto alle mie
- membra
- nel guasto vento di marzo
- enumero i mali dei giorni decifrati
- Già vola il fiore magro
- dai rami. E io attendo
- la pazienza del suo volo irrevocabile.
- (Salvatore Quasimodo)
-
- [Je ne saurai rien de ma vie
- sang obscur et monotone.
- Je ne saurai rien, qui j’aimais, qui j’aime
- maintenant que replié, réduit à mes
- membres,
- dans le vent pourri de mars
- j’énumère les maux des jours déchiffrés.
- Des branches déjà s’envole la fleur maigre
- Et moi j’attends
- la patience de son vol irrévocable.]