Le film se décline en différents chapitres. On commence par une cavale effrénée après un casse. Une scène étourdissante de virtuosité. Seul le chauffeur se fait coincer. Sans transition, nous voilà dans un bar populaire. José y traîne, se glisse dans le manège des habitués. José est taciturne, son expression semble cacher un profond désarroi, une fêlure incommensurable. Avec lui, nous faisons davantage connaissance avec cette population bigarrée d’un quartier populaire de Madrid. Il y a Ana, beauté anonyme qui sert au bar. Son mari, Curro, est en train de purger une peine de prison. On comprend vite qu’il est lié au braquage évoqué dès la première séquence. Elle travaille avec son frère Juanjo, marié et père de famille. Elle n’est pas insensible à la présence énigmatique de José, son mutisme, sa discrétion… et on ne vous en dira pas plus.

Vous allez être littéralement scotché aux basques de José, personnage aux multiples facettes : perdu dans le tourbillon suffoquant des « barrios » madrilènes, émoustillé par la sensuelle Ana, et tétanisé par le soucis d’accomplir sa vengeance envers et contre tout.

Si le cinéaste soigne en permanence la tension dramatique en évitant toute forme de boursouflure psychologisante, s’il nous plonge dans une Espagne urbaine rongée par la crise économique, son personnage principal se rend vite compte que la vengeance ne va pas se décliner avec aisance. Après huit ans, la réalité peut avoir sa part d’ombre et il est parfois difficile de départager le bon grain de l’ivraie… in Les Grignoux