La forêt de mon père

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La forêt de mon père

De Vero Cratzborn | Belgique/France/Suisse | 2020 | 1h31 | Cinépointcom de Marche

Diffusion(s): Dimanche 27/09 à 17h

En présence de : la réalisatrice (sous réserve)



Acteur(s) : De Léonie Souchaud, Ludivine Sagnier, Alban Lenoir,...

   Gina, 15 ans, grandit dans une famille aimante en lisière de forêt. Elle admire son père Jimmy, imprévisible et fantasque, dont elle est prête à pardonner tous les excès. Jusqu’au jour où la situation devient intenable : Jimmy bascule et le fragile équilibre familial est rompu. Dans l’incompréhension et la révolte, Gina s’allie avec un adolescent de son quartier pour sauver son père.
Débat post-projection avec l’asbl ETINCELLE. Pas de réservation.
Séance gratuite, dans le cadre de la Fête de la Fédération Wallonie-Bruxelles
ETINCELLE vise à reconnaître les enfants comme sujets dans des rencontres singulières, à les encourager à rester en lien et à favoriser les échanges avec leur environnement. Il s’agit ici de leur permettre de mieux se situer vis-à-vis d’eux-mêmes et de leurs différents systèmes d’appartenance et de soutenir la construction de leur histoire. Aussi, nous souhaitons offrir nos services aux professionnels de l’enfance.
Un coup du sort est une blessure qui s’inscrit dans notre histoire, ce n’est pas un destin. Boris Cyrulnik
L’asbl est soutenue par Cap 48 dans l’organisation d’un crowdfunding auquel vous pouvez accéder via ce lien:
https://lab.cap48.be/projects/aider-etincelle-a-soutenir-un-maximum-d-enfants


Un premier film belge généreux sur le parcours initiatique d’une adolescente, au cœur d’une famille déstabilisée par le comportement psychologique déroutant du père

Gina, 15 ans, grandit dans une famille aimante, dans un appartement au cœur d’une cité, en lisière de forêt, où l’on se serre les coudes pour survivre. Elle admire son père plus que tout, Jimmy. Un homme qui est imprévisible et fantasque, capable de jeter la télévision par la fenêtre parce que le dessin animé diffusé fait trop de bruit et l’empêche de se concentrer… Oui, Jimmy est vraiment désarçonnant, en permanence dans l’excès et les contradictions, ce qui rend le quotidien familial particulièrement compliqué, prêt à imploser à tout moment. Mais Gina aime son père, malgré tout, et est prête à tout lui pardonner, toutes ses bêtises, tous ses coups de sang, parce que c’est son père et qu’elle lui est terriblement attachée, parce qu’elle n’a pas envie de voir les choses différemment et qu’elle fera tout pour le sauver de cette situation, envers et contre-tout. Par amour.

Et l’amour est le cœur de ce premier film fragile et sincère. Par petites touches délicates, sans jouer la carte de la sensiblerie, il s’attaque de front à la dureté du réel sans pour autant s’y enfermer. Il plonge dans la vie de tous les jours, en apparence banale, et présente des personnages auxquels on s’attache vite. La forêt de mon père ne diabolise en effet personne (comme le père dont il ne fait jamais un monstre), car il n’a pas envie de donner de réponses toutes faites. De façon énergique, il montre la solidarité et la générosité qui surgissent des relations entre ses personnages, peut donner de l’importance à ces instants anodins qui disent tout d’un état émotionnel : danser dans le salon et chanter à tue-tête au son d’un titre pop, passer la tête par la fenêtre de la voiture, les yeux rêveurs… Lorsqu’il s’attaque au comportement insaisissable du père, le film garde les deux pieds sur terre et évite tant la lourdeur psychologique que le pathos.

Sa force se situe là, dans sa façon de trouver un juste équilibre dans les contrastes, garder la maîtrise sur ce tourbillon émotionnel et maintenir la tension sur la longueur. Au centre de notre attention, il y a Gina (Léonie Souchaud, découverte dans Le voyage de Fanny de Lola Doillon), au comportement entier, positionnée à un carrefour de son existence. La forêt de mon père est ainsi d’abord un récit initiatique dans lequel, symboliquement, une jeune fille essayera de se détacher de son père et de cet amour filial total pour vivre de ses propres ailes.

Les Grignoux