Ni Chaînes Ni Maîtres

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Ni Chaînes Ni Maîtres

De Simon Moutaïrou | France | 2024 | 1h38 | CineXtra Marche, Place de l'Etang, 6900 Marche-en-Famenne

Diffusion(s): 18/09-20h, 20/09-18h, 22/09-20h, 26/09-20h, 27/09-18h, 29/09-20h



Acteur(s) : De Ibrahima Mbaye Tchie, Camille Cottin, Anna Thiandoum, Benoît Magimel,...

1759. Isle de France (actuelle île Maurice). ​Massamba et Mati, esclaves dans la plantation d’Eugène Larcenet, vivent dans la peur et le labeur. Lui rêve que sa fille soit affranchie, elle de quitter l’enfer vert de la canne à sucre. Une nuit, elle s’enfuit. Madame La Victoire, célèbre chasseuse d’esclaves, est engagée pour la traquer. Massamba n’a d’autre choix que de s’évader à son tour. Par cet acte, il devient un « marron », un fugitif qui rompt à jamais avec l’ordre colonial.
“Ni chaînes ni maîtres” marque le passage à la réalisation pour Simon Moutaïrou, après une longue expérience de scénariste : “Instinctivement, je savais que mon premier film traiterait de l’esclavage. Avec du recul, je comprends que cet appel venait de loin. Adolescent, j’ai été profondément marqué par une vision : celle d’une immense porte de pierre rouge face à l’océan. Elle se dresse sur le rivage de la ville côtière de Ouidah, au Bénin, le pays de mon père. Elle se nomme La Porte du Non-Retour (…) Le désir d’un film sur des marrons – ces esclaves fugitifs qui ont eu le courage de briser leurs chaînes – s’est ensuite précisé (…)
Par rapport au lieu de tournage, le réalisateur explique: “En 2008, des fouilles mettent à jour des vestiges d’occupation. L’UNESCO le classe au patrimoine mondial sur cette base : un haut lieu du marronnage. À partir de là, je commence à voir l’île Maurice comme un Eden au sein duquel aurait été perpétré un crime originel. Je suis guidé par ce contraste : d’un côté, les verts et les bleus de l’île, si purs, si beaux ; de l’autre, le rouge sang de l’Histoire.”
Le choix de mêler marronnage (la fuite d’un esclave) et survival est né des échanges que Simon Moutaïrou a eus avec l’historienne mauricienne Vijaya Teelock. Elle a longtemps été responsable du programme « les Routes de l’esclavage » à l’UNESCO.

Côté mise en scène, Simon Moutaïrou ne voulait pas se contenter d’être vraisemblable, le metteur en scène souhaitait “tout enflammer” : l’histoire, les enjeux, les séquences. Il précise : “Non par simple désir d’intensité, mais parce qu’avec le chef opérateur Antoine Sanier nous voulions charger mystiquement les plans, nous cherchions à créer une réalité hallucinée. J’aime quand un film a cette texture de réalisme magique. Quand il assume de filmer des mythes et des légendes.” (…)

“Les épreuves successives qu’affronte Massamba sont autant d’étapes d’un parcours de renaissance. Je voulais faire un film de fierté retrouvée. Iconiser mes acteurs noirs : leur visage, leur corps, leur voix. En faire des héros de cinéma, c’était pour moi un geste politique. Ainsi la figure de « l’esclave », symbole de souffrance, est remplacée par celle du « marron », fier et brave.”

Propos recueillis sur Allociné.be