Trois fois rien

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Trois fois rien

De Nadège Loiseau | France | 2020 | 1h30 | Cinépointcom de Marche, Place de l'Etang

Diffusion(s): 1/04 à 20h, 2/04 à 17h, 3/04 à 20h, 4/04 à 17h, 6/04 à 17h, 8/04 à 20h, 9/04 à 17h, 10/04 à 20h, 11/04 à 17h



Acteur(s) : De Philippe Rebbot, Antoine Bertrand, Côme Levin,...

Âge conseillé : à partir de 6 ans

Brindille, Casquette et La Flèche vivent comme ils peuvent, au jour le jour, dans le bois de Vincennes. Mais leur situation précaire devrait changer du tout au tout le jour où ils gagnent au Loto. Encore faut-il pouvoir encaisser l’argent, car sans domicile, pas de carte d’identité à jour et sans compte bancaire, pas de paiement !

“Vivre, ce n’est pas attendre que passent les orages, c’est apprendre à danser sous la pluie”. Dans cette comédie touchante et maîtrisée, Nadège Loiseau raconte le parcours de trois marginaux aux philosophies de vie et aux résiliences différentes.

Casquette et Brindille, compagnons d’infortune depuis sept ans, sont S.D.F. et partagent une cabane dans le bois de Vincennes. Ils rencontrent dans un centre de sanitaires public La Flèche (qui n’en est pas une) et Connard (son chien). Ce jour-là, c’est mercredi, et le mercredi, pour Casquette et Brindille, c’est loto. À court d’argent comme souvent, Casquette demande une avance à La Flèche, qui enregistre le ticket. Un geste heureux, car en changeant par erreur l’un des numéros habituels du duo, La Flèche leur permet d’encaisser une somme rondelette. Et c’est là que les galères commencent…. Pour pouvoir encaisser l’argent, il faut en effet pouvoir satisfaire à quelques exigences administratives : disposer d’un compte bancaire, être en possession d’une pièce d’identité à jour, et donc… avoir un domicile officiel.

Nadège Loiseau retrouve certains acteurs du Petit Locataire, son premier long métrage découvert en 2016. Philippe Rebbot (Casquette) excelle décidément dans ce rôle de loser attendrissant, personnage hors système et généreux – on pense notamment à Temps de chien ! – ; le Québécois Antoine Bertrand (Brindille) démontre toute la justesse de son jeu sous les traits d’un homme secret ; tandis que Côme Levin (La Flèche) nous offre les meilleurs moments de comédie – un peu vulgaires, certes – dans le registre du vieil ado fugueur et punk à chien.

Si l’on a déjà vu au cinéma le récit de personnages au bas de l’échelle sociale soudainement fortunés par le jeu (par exemple via un programme télévisé dans Slumdog Millionaire, ou via le loto dans Ah ! si j’étais riche), l’approche de Nadège Loiseau se veut plus réaliste. Il n’est pas question d’un pactole faramineux qui va radicalement changer la vie des protagonistes du jour au lendemain, son propos est ailleurs. Ici, il est question de la difficulté pour ces trois hommes de s’extraire de la rue après tant d’années, voire d’une certaine forme de résistance à en sortir, car désormais, pour certains d’entre eux, c’est ça « la vie normale ». Pas une vie misérable, simplement une vie différente… Trois fois rien aborde ainsi avec intelligence le thème complexe du sans-abrisme, et le film parvient habilement à nous faire passer d’une émotion à l’autre à travers l’histoire de ce trio un peu foireux mais solidaire. En fait, trois fois rien, c’est parfois bien assez.

MERYL FERY, les Grignoux