Une des mille collines

Films

Une des mille collines

De Bernard Bellefroid | Belgique/France/Rwanda | 2024 | 1h21 | CineXtra Marche, Place de l'Etang, 6900 Marche-en-Famenne

Diffusion(s): Mardi 9/12-20h


Ils ignoraient qu’au Rwanda être né Tutsi était un crime. Les vies de Fiacre, Fidéline et Olivier se sont arrêtées en 1994. Aux derniers jours de ces enfants se mêlent trois temps : la mémoire du génocide, les procès Gacaca de 2005 et la résilience du village où ceux qui ont exterminé et ceux qui ont aimé reprennent une vie commune. Le film tente d’approcher une vérité, de restaurer leur existence et l’histoire d’une colline pour toutes les collines.

En partenariat avec la MCFA et en lien avec le spectacle L’empreinte

https://www.mcfa.be/agenda/lempreinte/

En présence de Claire Goldfarb, musicienne et autres invités à confirmer

En retraçant l’itinéraire de trois enfants assassinés lors du génocide des Tutsis du Rwanda, tout en tentant de mettre des mots sur leur disparition, le cinéaste belge Bernard Bellefroid signe un documentaire saisissant, un témoignage nécessaire et essentiel contre l’oubli

Ils s’appelaient Fiacre, Fidéline et Olivier. Ils avaient quatre, cinq et neuf ans. Ils ignoraient que dans le monde où ils étaient arrivés, être né était déjà un crime. Être né Tutsi. Tout le monde les connaissait. Et c’est au grand jour et devant tout le village que leur trop courte vie s’est arrêtée au printemps 1994.

Ce film est leur histoire. L’histoire de trois enfants au nom de tous les autres. L’histoire d’une colline au nom de toutes les collines.

Presque vingt ans après avoir réalisé Rwanda, les collines parlent, où il captait les tentatives de réparation de tout un peuple lors de la mise en place des tribunaux « gacaca », Bernard Bellefroid a éprouvé la nécessité de retourner sur les lieux sonder la manière dont victimes et bourreaux continuent aujourd’hui, non sans difficulté, à cohabiter. Ce qu’il cherche en y revenant, et ce que le cinéma lui permet d’investiguer, c’est comment ce traumatisme du génocide évolue dans les replis du temps, comment celui-ci travaille la douleur des victimes et restitue leur besoin de réponses.

Le réalisateur retrouve certains des personnages qu’il avait filmés en 2005 et rapproche alors leur parole d’hier à celle d’aujourd’hui, creusant toujours un peu plus cette part de vérité qui échappe, celle que les bourreaux continuent à taire, et celle qui ronge toujours les victimes, empêchant le moindre apaisement. La question complexe qu’interroge le film est celle de la justice et du pardon. Comment, dans ce territoire marqué par l’horreur, hanté par le nombre de victimes, trouver une brèche pour coexister ? Si les habitants des collines semblent parfois détenir le secret de cette cohabitation, leurs regards révèlent aussi quelque chose d’indicible, à jamais inscrit dans la mémoire de leur corps, celle d’un mal inexpliqué et inexplicable.

ALICIA DEL PUPPO, Les Grignoux